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Bref. Dans cette ville il y a cette école, dans cette école il y a cette fille et dans cette fille il y a... C'est une fille. Ce matin je l'ai croisé sous le cloître. J'ai levé la tête pour la regarder, elle m'a regardé, je l'ai regardé, elle continuait de me regarder, j'ai regardé ses seins, ils m'ont regardé, j'ai souri en me disant que la journée venait de bien commencer et que j'étais chanceux car c'est pas donné à tout les gars de voir des seins à moitié nus à 7h57. Avant d'entrer dans l'école, j'ai reçu un sms d'un pote qui disait : "Putain mec les nibaaaaaaaards !". J'ai voulu lui répondre que mettre huit "a" dans le mot "nibards" était un peu exagéré et que trois auraient suffit mais j'étais d'accord avec lui alors... J'ai rien répondu. Il est l'heure d'aller en cours. Je suis entré dans la salle et me suis assis à ma place habituelle. L'heure avançait, le cours aussi. Pendant qu'un pote expliquait au prof à quoi servait l'Art dans la vie de l'Homme, moi je me demandais comment je pouvais aborder la fille d'une manière simple et agréable mais... J'étais plus préoccupé à regarder mon voisin jouer à un jeu où il fallait pisser dans les chiottes et non à côté afin de gagner des points qui te permettent ensuite d'acheter du matos de nettoyage. C'est à ce moment précis que je me suis rendu compte que personne n'en avait rien à foutre de l'Art dans la vie de l'Homme. Le cours touche à sa fin, enfin, et c'était l'heure de la pause. Je suis allé aux chiottes et à peine arrivé je reçois un deuxième texto du même pote qui m'avait vu me diriger vers les toilettes et qui me proposait son aide à sa façon : "J'ai des mouchoirs si tu veux...". Cette phrase était précédée d'une photo sexy de la fille de ce matin. Je me suis demandé comment il avait réussi à choper cette photo avant de me dire que c'était un champion. À force de regarder cette photo, je me suis mis à bander devant tout le monde car j'avais déjà défait ma braguette pour pouvoir pisser correctement, comme dans le jeu sauf que là... Y'avait pas de points à gagner. Un mec à côté de moi m'a regardé en me demandant si j'allais bien : "Tu vas bien ? T'as l'air d'avoir un souci nan ?". Je lui ai répondu d'un air gêné que ça allait et que c'était cool en rajoutant le mot "mec" entre les deux pour faire plus viril : "ouais ça va mec, c'est cool"... Ça n'allait pas du tout. Je me suis mis à penser à autre chose pour calmer l'érection comme à ma grand-mère en soutif, à un champ de coquelicots ou encore à la célèbre phrase de De Niro qui disait "Ce qui monte doit redescendre"... Tout ça... Debout... Face au mur des chiottes... En tenant ma queue de la main droite. J'étais dans le néant. Le soir venu la fille sur qui j'étais est venue me parler sur Facebook en me disant : "Hey ! Ca va ?". Après être resté focalisé sur ces trois mots pendant une minute j'ai trouvé que le mot "Hey" n'avait pas sa place car on ne se connaissait pas. Ce qui m'a amené à me demander pourquoi elle venait me parler. Soit parce qu'elle veut faire ma connaissance, soit parce que tout le lycée savait déjà ce qu'il m'était arrivé dans les chiottes et que par conséquent elle voulait juste s'assurer que j'étais bien la personne en question. C'est seulement après avoir lu : "C'est vrai ce qu'on dit ? Tu bandes en voyant les bites des autres gars ?" que j'ai compris que la deuxième hypothèse était à prendre au sérieux. Elle, c'est la honte, tu la sens toujours venir sans trop pouvoir la contrôler. Elle t'envahit en quelques secondes et te plonge dans un profond mal-être. Cette fille que je connaissais pas, qui avait des gros seins a réussi à me faire perdre toute crédibilité en quelques mots. Je n'ai rien répondu. J'ai quitté la conversation et éteint l'ordinateur. J'ai regardé mon chat pisser. Pas une seule goutte à côté. Bref. Il y avait cette fille.
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Pégase
